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Dans une définition étendue, la psychologie cognitive étudie la manière dont l'homme s'adapte en permanence à son environnement, par l'intermédiaire de différentes activités internes de perception, de traitement de l'information, de processus d'élaboration des connaissances, de stockage et recouvrement des informations, et des processus affectifs et émotionnels.

 

La voie principale du fonctionnement psychologique ou de l'adaptation est constituée par les structures cognitives élaborant de la pensée, du sens, appelés schémas. La pensée se réfère à l'interprétation qu'un sujet va élaborer sur un contexte donné et sur les rapports qu'il va entretenir avec celui-ci.

La pensée a pour fonction de contrôler les variables du système psychologique (comportements, émotions, attention, mémoire), afin d'activer des stratégies adaptatives. Le système cognitif et les autres systèmes sont en intéraction. Chaque catégorie de pensée se transcrit en des patterns spécifiques d'émotion, d'attention, de mémoire, de comportement. Ceci s'appelle le contenu cognitif spécifique.

Les pensées sont donc des constructions personnelles qui ne correspondent pas nécessairement à des éléments objectifs de la réalité. Leurs caractères corrects ou incorrects sont établis en fonction du contexte ou des objectifs. Les pensées deviennent dysfonctionnelles ou inadaptées quand des distorsions cognitives apparaissent. Les distorsions cognitives impliquent des erreurs dans le contenu même de la pensée, ou dans le raisonnement, ou dans les deux.

 

Beck propose que les individus à risque de développer une dépression ont acquis des structures ou schémas dysfonctionnels construits dans l'enfance afin de s'adapter à certaines expériences traumatisantes reliées à la perte ou à l'échec. Un exemple de schéma dysfonctionnel est « je dois réaliser de grandes choses, sinon ma vie ne sera qu'un échec ». Le schéma dysfonctionnel des déprimés est dominé par une forte charge de négativité qui engendre des cognitions négatives sur lui-même, sur le monde et sur le futur, un ensemble qualifié par Beck de « triade cognitive ».

 

C'est au moment où ces individus seraient exposés à des situations négatives, semblables à celles du passé, que ces structures à contenu négatif seraient réactivées. Les pertes peuvent être très diverses (décès, amour, argent, emploi...), certaines étant en effet réellement dramatiques, d'autres étant réellement non significatives mais interprétées par le patient comme étant dramatique. Le patient perçoit qu'il a perdu quelque chose qu'il considère essentiel à son bonheur ou sa tranquillité.

 

Cette réactivation exercerait alors une influence négative sur le traitement de l'information, se traduisant par des biais cognitifs, l'individu dirigeant ses ressources vers les éléments de l'environnement qui concordent avec ses schémas. Ainsi le sujet déprimé démontre une attention plus grande aux stimuli à caractère dépressif, résout une situation ambiguë par une interprétation négative, et témoigne d'un rappel facilité pour les informations dépressogènes.

 

L'activation du schéma dépressif provoque un enchaînement de pensées automatiques négatives. Le patient évalue ses expériences de manière négative. Il surinterprète les expériences de privation, de défaite, d'échec. Il se voit déficient, raté, inadéquat, indigne, et attribue ces événements déplaisants à une déficience personnelle. Il anticipe que les difficultés actuelles continueront indéfiniment. Il prévoit une vie difficile, remplie de frustrations et de privations. Puisqu'il attribue ses difficultés à son imperfection, il se blâme et devient de plus en plus critique envers lui-même.

 

Ses expériences de vie activent des patterns cognitifs autour des thèmes de perte. Les mécanismes émotionnels, motivationnels, comportementaux et végétatifs de la dépression découlent de ces auto-évaluations négatives. La tristesse du patient est une conséquence inévitable de ses sentiments de pessimisme, de privation, d'autocritique. L'apathie résulte de l'abandon face aux difficultés. La perte de spontanéité, les désirs de fuite et d'évitement, les souhaits suicidaires sont conduits selon la manière dont le patient évalue sa vie. La perte d'espoir provient d'une perte de motivation : parce qu'il attend des résultats négatifs de tous ce qu'il fait, le patient perd l'envie de s'engager dans des activités.

 

De plus, les comportements divers dans la dépression tels que la perte d'élan, la fatigue ou même l'agitation, sont les résultats des pensées négatives. La perte d'élan et la passivité sont l'expression de le perte de motivation. La fatigabilité provient des attentes négatives continues de tout ce que le patient entreprend. Les signes végétatifs de la dépression, tels que la perte d'appétit, la perte de libido, les troubles du sommeil, apparaissent comme les concomitants physiologiques des perturbations psychiques de la dépression. L'évolution déficitaire continue dans la dépression peut s'expliquer par un système de feed-back. En conséquence de son comportement, le patient interprète ses variations d'humeur, les pertes, les symptômes physiques, par un jugement négatif. Sa conclusion sur le fait de son incapacité personnelle et de son impossibilité d'amélioration, renforce ses attentes négatives et sa vision négative de lui-même.

 

En conséquence, il se sent plus triste qu'avant, répond moins aux exigences de son environnement. De cette manière, un cercle vicieux se perpétue. Par ses pensées automatiques négatives, le patient démontre une perception et une interprétation qui déforment la réalité. Par rétroaction entre émotions et cognitions, le système va s'auto-alimenter. Dans la dépression, les schémas négatifs vont prendre la place de schémas plus adaptés. L'activation des schémas est un mécanisme par lequel la dépression se développe, et non une cause de la dépression ; la cause peut être un événement, une modification biologique, un facteur de stress, etc. (Beck, 1991).

 

Thérapeutes spécialistes de la dépression :

- Psychologies.com

- Annuaire Sesame.fr

 

 

 

Psychothérapie cognitive de Beck

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